De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ÉCLAIRCISSEl\IENTS 53 Les dieux antiques, le dieu de Mo:ise y compris, et <lans bien des cas au~si celui des chrétiens, tout en se vantant d'éclairer les hommes, de les avertjr par leurs oracles, se plaisent à confondre la raison par d'absurdes 1nystères et d 'incroyables prodiges. L 'inin telligible et l'impossible clemeurent, pendant la grande périocle religieuse, le signe distinctif de l'esprit cliv.in:et le sceau de sa puissance. Mais peu à peu cette fumée se dissipe : on en vient à concevoir que la raison en Dieu n'est pas d'autre forme et nature que celle qui se manifeste clans l'ho1nme. C'est surtout, dit-on, au point de vue de l'intelligence, que l'homme a été créé à l'image de Dieu, dont le Verbe ou Logos, personnification de la raison universelle, a meme fini par prenclre notre chair. Et, parce qu'on a découvert que Dieu, en tant qu'etre intelligent et. moral 1 cloit ressembler à l'homme, on s'i1nagine avoir fait dans la religion un immense che- . m1n. Sans doute, la raison, la science, la pénétration, la n1émoire; la prévoyance, toutes les facultés de l'esprit, sont incomparablement plus grandes en Dieu que chez l'hom1ne; mais enfin, chez l'un con1me chez l'autre, _elles sont de meme nature; et co1nn1eles hommes, en se rapprochant, s'instruisent mutuellement, tout de meme Dieu, en comrr1uniquant avec nous, en nous révélant meme quelques-uns de ses secrets, use de notre raison, nous instruit en vertu de ~ette raison, à telle enseigne que si nous ajoutons foi à sa parole, ce n'est plus tant, ~comme autrefois, parce que cette parole nous vient de Dieu_, que parce que notre propre raison l'approuve. Donc, en ce qui concerne la raison, nous _nous s01nmes faits pairs et co1npagnons de Dieu, bien que notre T. I. 5 BibliotecaGino Bianco

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