De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 105 VII. NA:iVETÉ nu SYSTÈME. - Ce qu'il y a de triste, c'est que ni l'empereur ni le pays ne semblent avoir conscience de leur position. Qui a vu de près les choses avouera que Napoléon III ne peut pas etre appelé tyran, ni la nation française etre dite tyrannisée. Rien de plus ingénu, de mieux intentionné, de plus franchernent exercé que le pouvoir impérial; on pourrait dire meme, rien de plus accepté, si l'histoire n'était là pour attester qu'il y a douze ans la nation était toute autre, si sa conscience ne lui disait qu'elle est tombée par sa propre forfriiture, si l'on ne savait qu'au premjer craquement l'explosion sera effroyable. Après l'attentat d'Orsini, le présiclent clu Corps législatif, M. de Morny, dans un discours plein de colòre, signala, parmi les causes de ce régicide, l'ingratitude des anciens partis sauvés par le coup cl'État. As·surément, M. de Morny était sincère, il parlait de l'abondance de son indignation; mais cette sincérité n1eme prouve à quel point le gouverne1nent de Napoléon III, à force de prendre son role au sérieux, a perdu le sentiment de la dignité nationale. Ne marchanclons pas le bienfait; accordons, si l'on veut, que sans le 2 -Déce1nbre la bourgeoisie, qu'on accuse d'etre restée fidèle en dépit de ses intérets à ses anciennes amours, aurait couru en 1852 de plus grands risques qu'en 1848, et faisons la balance. Louìs Napoléon a sauvé, pour le moment, les bourgeois de la ruine; mais par l'extralégalité de sori. gouvernement, il leur ravit quoticliennement l'honneur. Le _gouvernement impérial ressemble à ces bienfaiteurs qui ne ménagent à leurs protégés ni les reco1nmandations, ni les services, ni l'argent, mais qui leur prenri.ent leurs f emmes , leurs filles , leurs 9, Biblioteca Gino Bianco

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