Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

LES VILLES DÉTRUITES DE LA WEST-FLANDRE 53 tout coup, une ·maison en miettes. A Furnes, à Poperinghe, des projectiles de 210 ou de 15oont fini . par chasser les deux tiers dé la population; les autres, à chaque alerte, se réfugient dans leurs caves. Enfin, plus près de la ligne de feu, à Reninghe, à Pervyse, à Ramscappelle, à Nieuport, à Ypres, on peut dire, sans aucune exagération, qu'il n'y a littéralement plus une 'seule maison qui soit autre chose qu'un amas de décombres. Des églises il reste, si possible, moins encore : les tours sont rasées, les nefs effondrées, les façades trouées d'obus; les œuvres d'art volées ou anéanties. A Ramscappelle, le Christ, arraché de la croix, gît, symbole sinistre, au milieu des décombres. A Reninghe, le bombardement l'a mis en trois morceaux : les bras restent cloués à la croix; le torse est tombé par terre; les jambes, enlevées par un obus, ont roulé jusque dans le cimetière. Ces villes ou ces villages tués sont naturellement déserts ou presque. Lors d'une visite que je fis à Nieuport, au printemps dernier, à un moment où la ville ne contenait pas de troupes, je rencontrai dans les rues, en tout et pour tout, comme seul être vivant, l).nchat famélique. Ailleurs, dans les mêmes conditions de danger, l'abandon était moins absolu. Dans Pervyse, par exemple, - où les Allemands bombardent sans relâche - nous vîmes encore au mois d'août des femmes et leurs petits enfants, qui, ne sachant pas

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