Emile Vandervelde - La Belgique envahie et le socialisme international

16 LA BELGIQUE LIBRE C'est là que se trouve la grand'garde commandée par le lieutenant L... Une quinzaine de soldats font le guet, car les tranchées allemandes sont à deux cents mètres. Les autres, dans une cave, jouaient aux cartes. Une recrue, arrivée d'hier, dort, le nez sur une poutre. Le chef est là-haut, dans une sorte de pigeonnier, qui lui sert d'observatoire. Nous montons, et il nous fait les honneurs de sa cellule. Cinqmètres de long sur quatre de large. Pour meubles, une paillasse, une chaise trouée et une table boiteuse. Pas d'autre luminaire qu'une lanterne sourde, invisible au dehors. Notre ermite vit dans ce taudis depuis plus d'un mois. On relève ses hommes toutes les vingt-quatre heures. Lui refuse d'être relevé. Observateur pour l'artillerie, il ne bouge pas de son poste, sans autre lien avec le monde extérieur que le fil de té~éphone qui le relie au quartier général. On le ravitaille comme on peut, les nuits de calme. Mais, parfois, les communications, sous le feu des mitrailleurs, deviennent impossibles. Il y a quelques semaines, pendant trois jours, on n'a pu envoyer d'eau potable. L... , pour étancher sa soif, prit de l'eau des inondations, de l'eau salée où macèrent des cadavres, il fit bouillir dans une marmite et lécha les gouttelettes qui se déposaient sur le couvercle. L'autre soir, un obus est entré chez lui. Il éclata ; mais par un hasard extraordi8 b11otec3 Gr10 B anco

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