Karl Kautsky - Le chemin du pouvoir

CIIAP. II, - LA PROPllÉTIE DE LA nltVOLUTION 23 les choses suivent leur cours normal, le routinier vulgaire l'emportât sur le politicien qui se mêle de prophétiser et de supputer l'avenir. Cela ne serait vrai que si cc dernier prenait les éventùalités dont il pèse les conséquences pour des réalités et prétendait régler sur elle son activité pratique immédiate. Mais qui oserait soutenir qu'Engels, Bebel ou l'un queiconque des politiciens prophètes dont il s'agit ici se soient jamais· (ait une idée pareil!~ de leurs prophéties? Le routinier vulgaire ne se sent jamais poussé à étudier le présent qui ne lui par~ît faire que répét2r les situations déjà connues au milieu desquelles il a vécn jusqu'alors. Mais l'homme qui, dans chaque situation, en suppute toutes les éventualités et consé-' quences, n'est en état d'accomplir ce travail que parce qu'il. a étudié les forces en présence et il se sent porté avant tout à consacrer son attention à des facteurs nouveaux et presque ignorés. Ce que le philistin considère comme des prophéties en l'air et vides de sens est en vérité le résultat d'études profondes et notre connaissance de !a réalité s'en trouve toujours enrichie. On n'aurait le droit d'attaquer les Engels et les ' Bebel à cause de lenrs prophéties que s'ils s'étaient conduits en rêveurs étrangers au monde réel. Mais en vérité pe_rsonne 1.,'a donné au µrolétariat, dans des situai ions difficiles, des conseils plus judicieux et plus opportuns que ces prophètes, et cela justement parce qu'ils prenaient à cœur le métier <le prophète. S'il . n'est arrivé que trop souvent jusqu'ici qu'une classe BibliotècaGino Bianco

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