NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 95 et selon leR vues du gouvernement. Les moyens ne manquent pas pour cela, et tous moyens légaux, notez ce point. Pour faire bien parler la presse, et bien penser le pays, le système possède, outre l'intimidation ad1ninistrative qui s'adresse auximprimeurs etlibraires, les autorisations et refus d'autorisation, les avertissen1ents, les communiqués, les suppressions, les clécorations, les subventions, les transactions, et pàr suite les mystifications. Par exemple, tel journal a eu le malheur d'encourir la suppression. On lui permet de !eparaitre, à condition de prenclre pour son rédacteur en chef un ho1nme à la dévotion du ministère. N aturelle1nent les abonnés ne savent rien de l'arrangement; ils croient recevoir une parole libre, ils se repaissent de réclames impériales. C'est à ce pr~x qu'une nation sceptique, qui _ préfère à l'exercice du droit l'or et les jouissances, et qui a perdu le respect d'elle-n1erne, peut etre sauvée; de meme, que la propriété, la vérité relève aujourd'hui , de la raison d'Etat. Il faut en avoir fait l'expérience, pour concevoir quelle torture impose à l'écrivain cette épée de Damoclès suspendue sur sa pensée, sur sa conscience. Les plus vains se flattent, à force d'art, de ménage1nents, de réticences, d'esquiver le coup, et s·'aplatissent; les plus braves se font généreusement frapper, et comme il n'y a plus de ressort, point d'écho dans les ames. à l'amertume de la condamnation se J I joint, pour ces champions intempestifs de la libre pensée, le regret d'un saçrifice inutile. " I_Japresse est libre, ,, disent les mi_nistres dans leurs circulaires; " tous les Français peuvent publier leurs opinions en se conforma.nt aux lois. ,, On vient de voir dans quel filet la légalité impériale tient la presse Biblioteca Gino Bianco
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