De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

60 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS est la Justice, et qui est 1na fin, de quel droit, si je suis coupable, me jugera-t-on? J e récuse la juridiction de mes semblables, je ne reconnais pas les tribunaux hu- , mains. Telle a été la pratique de l'Eglise, qui, dès le temps de Jésus-Christ, a tendu constamment à se subs- , . · ·tituer à l'Etat, et à remplacer par sa juridiction mystique; instituée d'en-haut (Quoàcumq1ieligaveris, etc.), la justice des hom1nes libres et tout le systèn1e des garanties et réparations légales. Nous revenons ainsi aux , indulgences : et comme los jugements de l'Eglise, pour etre exécutoires, ont besoin de la force, il résulte de tonte cette théorie du devoir, non pas, si l'on veut, que le cl1ef du. spirituel cu1nule le te1nporel, pas plus que dans la république de 1848 le pouvoir législatif ne cumulait l'exécutif, mais qu'il lui diete ses lois, et au besoin lui adresse, au nom de Dieu et de l'Église, ses réquisitions. Pour nous, nous disons que la fin de l'homme est en luimeme, et que la placer hors de lui, fut-ce meme en Dieu, c'est le déclarer, ipsofacto, indigne subalterne, et serf; qu'ainsi le droit et le devoir naissent pour lui simultanément et indivisiblement de la considération de sa dignité; que c'est ce sentiment de plus en plus élevé de la dignité, qui, en présence du semblable, devenant un senti1nent non plus personnel mais générique, donne l'essor à la sociabilité et consti tue la J ustice. La Justice est donc essentiellement humaine, commutative, réciproque; ce qui fait le lien de droit est la consci8nce, qui nous défend de violer la dignité du prochain, à peine de violer la notre et de nous détruire moralement. En cas d'injure, le coupable est responi sab~ envers lui-meme et envers ses pareils, en sorte Biblioteca Gino Bianco

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