De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

44 NOTESET ÉCLAIRCISSEMENTS à la fois qu'il partit du foyer le plus incandescent de la Révolution, qu'il s'en appropriat la théologie, la cosmogonie, la liturgie, les traditions, et jusqu'à la langue. Quant à la supériorité, théorique et pratique, du monotl1éisme sur le polythéisme, après avoir été, pendant près de deux mille ans, un axiome de métaphysique et de morale, eilc semble aujourd'hui, parmi les amateurs de religion, redevenir douteuse . .,Ori ap:- précie, plus qu'on n'avait fait auparavant, ce polythéisme splendide, qui avait donné un si 1nagnifique essor à la personnalité humaine, et dont le souvenir s'associe, dans la mé1noire des l1ommes, avec les créations de la poésie la plus merveilleuse et de l'art le plus achevé. On co1nmence à trouver que, l'etre perdant en réalité ce qu'il gagne en _étendue, il se pourrait faire que le monde fut plein d'esprits de toute grandeur, depuis l'esprit de l'homme jusqu'à celui de Sirius, depuis l'esprit de Sirius jusqu'à celui -du plus vaste systè1ne, et que l'esprit ou l'etre universel fut, co1nme retre absolu de Hégel, un pur néant. S'il ne tenait qu'à M. Renouvier, l'un de nos philosophes critiques les plus_ récents, le monde religieux ferait sans hésiter cette évolution, qui du moins, s'il faut en croire l'exact et positif philosophe, aurait quelque chance de ne pouvoir aussi facilement se réduire à l'absurde. Ce qui est certain, c'est que le monothéisme, là où il a été cultivé, n'a pu se maintenir dans la pureté de son essence. Dès avant J ésus-Christ, Platon et d'autres distinguèrent en Dieu différentes hypostases; les gnostiques en portèrent lo nombre jusqu'à huit, dix, douze; la kabbale s'égara dans les me1nes spéculations, au~~ quelles le concile de Nicée mit un terme, l'an 325 de Biblioteca Gino Bianco

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