De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

40 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS Il y a, dans ces •diverses assertions , à peu près autant.d'erreurs que de mots. D'abord, il est impossible de prouver, par aucun monun1ent, que le monothéisme soit plus na~urel aux peuples sémitiques qu'aux peuples iaphétiques, ou, ce qui revient au meme, qu'il ait pris naissance et se soit développé chez les premiers , qui l'aura.ient ensuite révélé aux seconds. Le contraire serait plut6t la vérité. Dans les temps reculés, le polythéisme est partout, en Égypte, en Arabie, en Palestine. Le monothéisme ne se montre pas moins fréquent, si par 1nonothéisme on entend l'adoration, chez un peuple, d'une Divinité spéciale, à l'exclusion de toutes les autres. Le polythéisme se trouve jusque dans le Décalogue. Lorsque ,Jéhovah dit aux Hébreux par la bouche de Mo1se : Vous n'aurezpas d' autres dieux, en ma présence, il ne nie pas l'existence de ces dieux, il prétend seulement jouir, à leur exclusion, du culte d'Israel. C'est en ce sens que l'entendaient les Israélites eux-memes, comme on peut le voir par un passage du livre des Juges où J ephté, s'adressant au roi cles Ammonites, revendique au noni de J éhovah la propriété du territoire de Canaan, au meme ti tre que les Ammonites revendiquaient la propriété de leur pays au nom de leur dieu Chamos. Dans d'autres passages de la Bible, Jéhovah est mis sur la 1neme ligne que les autres dieux, ce qui, je le répète, implique un polythéisme au 1noins . théorique, sinon pratique, chaque nation étant censée servir, d'une façon particulière, le dieu qu'elle avait choisi pour protecteur. La m.e1nechose a lieu dans les villes grecques : chacune, à l'origine, a son dieu ou-sa BibliotecaGino Bianco

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