De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 333 nique, du cristal meme : car il y a dans toutes ces cho~s de la vie, de l'instinct, de l'attraction, de la forme, de l'ordre, de la pensée manifestée, tandis que dans le dieu de Spinoza il ne reste que Ies bases de la création. Les anciens, y compris les pères de Nicée et ceu·x qui déifièrent la Vierge Marie, avaient pensé que la Divinité était synonyme de plénitude de l'existence; qu'elle se distinguait de ses créatures par le nombre et par la souveraineté des attributs : c'est ainsi qu'ils étaient arrivés à concevoir la Divinité comme une Humanité iaéale. Spinoza au contraire conçoit Dieu comme principe, élé1nent, base de l'Univers. De tous les attributs qui peuvent se rencontrer dans l'etre créé, Spinoza n~enaccorde à Dieu que deux, l'étendue et la pensée, ce qui fait de l'etre divin un nescioquid dont le mouve1nent s'irradie à l'infini, ·com1ne les rayons du soleil, mais dépourvu de forme, de vie, de volonté, d'intelligence, d'amour, de tout ce qui distingue les créatures de I'ordre le plus élevé, en qui l'existence se déploie avec-plus de richesse et de plénitude. C'est une réduction de l'etre à son expression la plus simple, ce n'est pas une conception de la Divinité. Mais il est une dernière et décisi ve considération qui fait de Dieu une conception adéquate au moi du genre humain, c'est que Dieu est nécessairement, à peine de n'etre rien, une nature morale. Dieu n'existe pour l'homme que comme sujet et auteur de la Justice, sujet infiniment juste et infiniment saint, que toute ame humaine salue comme son instituteur et son juge (.Dela Justice, t. II, Étude V, chap. 11). C'est à ce titre qu'il a obtenu le culte des nations; que par-tout il' a été appel é princ~, Adona~; maitre, Baal; roi, Molock; sauveur, ré28. BibliotecaGino Bianco

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