' NOTES·ET ÉCLAIRCISSEMENTS confondus avec lui : il est le génie, l'ame, ici du Soleil, là de la Terre , ailleurs de l'Océan. Mais ce génie n'existe pas sans un corps, et quelle forme donner au corps de Dieu, si ce n' est la plus belle de toutes, qui est celle de l'homme? Dieu, ou plutot les dieux, seront d'onc des etres semblables à l'homme, mais beaux, parfaits, toujours jeunes, immortels. I)ans les langues antiques, on appelle les dieux et les hommes, autithét1quement, les ImmorteZs et les Mortels, comme si du reste ils étaient d'une .mem.e forme et essence, ne se distinguant les uns des autres que par la durée et la félicité de leur vie. Le polythéisme, c'est Dieu conçu à l'image de l'humanité : le christianisme, c'est Dieu, non pas seulement conçu, mais fait semb.lable à l'homme et associé, par l'incarnation, à toutes ses misères. Le Christ, ou l'Homme-Dieu, est le terme supreme de l'anthropomorphisme. A partir de là, l'idée de Dieu se décompose et s'efface, com1ne si elle retournait à son point de départ. Le Dieu du déiste n'est plus qu'une ame privée de corps, mais qui veut, qui aime, qui chatie, qui crée, qui prévoit, qui agit avec une souveraine puissance et liberté, comme auparavant. Plongez jusqu'au panthéisme, que trouvez-vous? Plus rien, oli presque rien de l'homme. Spinoza, pour éviter l'anthropomorphisme judéo-chrétien , qu'il regarde comme une . superstition, rctire à Dieu le corps, l'ame, la vie, l'intelligence, la l1berté, l'amour, la providence, la pensée meme : il ne lui laisse que ces deux attributs, élevés à l'infini, la 1natière et l'esprit. Le Dieu de Spinoza est un cadavre disséqué, réduit à la distinction fondamentale des deux substances, quelque chose àu dessous de l'insecte, du limaçon, de la plante, de la matière orgaBiblioteca Gino Bianco
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