De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 31 t entoure les testa1nents, qu'elle favorise, ·en général, la ~uccession naturelle. Le boùrge'ois, égrillard, préfère néanmoins sa femme à sa maitresse; de 1neme la bourgeoise, sensible, préfère son mari à son an1ant. Avant 89, la bourg.eoisie, formant l'un des ordres supérieurs de la nation, placée entre le clergé et la noblesse, d'une p~rt, la multitude rustique et urbaine de l'autre, se distinguait par une certaine gravité; elle avait des traditions, un esprit~ un style à elle; meme, abstraction faite cles vices inl1érents à sa nature, elle avait des mmurs. La comparaison cles muvres littéraires, au dix-septième et au dix-lìuitième siècle, permet d'en juger. Le dix-septième siècle sent sa nobles~e, le dix-huitième sa bourgeoisie; et l'on n'oserait dire que de l'un à l'autre il y ait décadence. C'est ce vieil esprit bourgeois qui, après avoir inspiré les grands écrivains du dix-huitième siècle et suggéré l'Encyclopéclie, a fait la Constituante, la Législative, la Convention; plus tard, après la chute de l'empire, le deux chamhres. Depuis 1830, il y a dans la bourgeoisie, comme dans la littérature, décadence marquée. L'ancienne honorabilité bourgeoise a disparu; une tourbe imn1onde, à peine décrottée, a fait irruption dans la· caste; et ;nous avons cette génération 1nelée, ignoble, sans pudeur comme · sans principes, qui n'est ni bourgeoisie ni plèbe, et qu'on ne saurait définir autre1nent que comme le fumier qui doit engraisser une nouvelle semaille. La bourgeoisie est défi.nitive1nent condan1née : nous assistons à sa mort morale. Sous les e1npereurs romains, elle essaya de se relever, en produisant une nobilitas, co1nme qui dirait une aristocratie industrielle. BibliotecaGino Bianco

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