NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 253 principe, au principe de l'équilibre européen. Aussi, et quoi qu'en ait dit la littérature bonapartiste, la France de 1814 remercia les alliés. On la crut alors, elle se crut elle-meme guérie, revenue des séductions de la fausse gloire, réconciliée avéc l'idée. Déception ! Dix ans de despo.tisme avaient rendu la France personnelle, insensible à la liberté, dédaigneuse du droit. Pendant trentesix ans qu'elle jouit du gouvernement représentatif, elle ne sut que récriminer contre l'invasion, accuser les traités, menacer l'étranger. Le 2 décembre est venu donner l'essor à ce détestable égo:isme : ce ne sont plus aujourd'hui les idées de 89 qui gouvernent la France : l'avarice, la vanité nationale, la soif des conquetes, la fantaisie soldatesque, se sont emparées du domicile et y font le sabbat. Aussi, comme en 1813, l'Europe lui est redevenue hostile; les peuples se retirent de notre infiuence ; l'Italie elle-merne, notre affranchie d'hier, se méfie; il ne tiendrait qu'à l'Autriche qu'elle se séparat tout à fait, dès à présent, de nous. La France, toujours redoutée, parce que son arruée est la plus formidable · machine de destruction qui existe, la France ne tient plus la tete du mouvement. L'idée de 89, universelle, impersonnelle, formée de toutes les traditions libérales répandues dans le monde, résumé de la philosophie des nations, l'idée de 89 poursuit son cours en dehors de . l'influence française; elle n 'a meme rien tant à redouter aujourcl'hui qu_ecette influence. Tandis que les peuples entrent tous, l'un après l'autre, dans le tourbillon des nouveaux principes , la ]Trance, qui ne se comprend plus, suit une politique <l'affolement. I)lus de clarté dans l'esprit, plus de suite dans les desseins; la contradiction à chaque pas, partant l'impuissance. BibliotecaGino Bianco
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