De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 249 reste pas sans compensation : en devenant province romaine, elle devient un des foyers de l'empire; à partir de Dioclétien, l'empire d'Occident est à vrai dire !'empire des Gaules. Après l'influence latine, qui dégagea chez elle le principe bourgeois et unitaire, la Gaule subit l'influence chrétienne, qui l'arracha définitivement au polythéisme; tant romain qu'indigène. Ce n'est pas à mes lecteurs que j 'ai besoin de dire que la Gaule reçut le christianisme, non point tant comme révélation venue .de l'Orient, que parce qu'elle le retrouvait au fond de ses propres aspirations. Constantin était déiste, avant de se rallier à l'Évangile; tout ce qui, dans la Grèce, dans Pltalie et dans la Gaule, avait quelque valeur intellectuelle, quelque énergie de conscience, pensait de meme. La Gaule n'accepta pas dans sa rigueur le dogme chrétien; fidèle à son esprit de mo~érantisme, elle prit une position mitoyenne entre s•aint, Augustin et Pélage, en quoi on peut dire qu'elle fut suivie par la ~brétienté tout entière. Le calvinisme, qui plus tard poussa jusqu'à l'extreme le principe de la prédestination et de la · grace, aboutit à une contradiction: non seule~ent il ne parvint pas à réaliser son dogme dans la pratique, il en fit sortir, chose tout à fait imprévue, le principe de la · souveraineté du peuple. L'esprit gaulois fut plus logique : le meme bon sens qui lui fit rejeter au cinquième sièclc le rigorisme augustinien, 1 ui fit repousser au seizième le calvinisme, au dix-septième le jansénisme. La papauté a suivi les me1nes errem.ents : au fond, quoi qu'elle en <lise, elle est semi-pélagienne. Si plus tard la France, par la Révolution, s'est démocratisée, ce n'a pas été par une déduction du dogn1e chré21. BibliotecaGino Bianco

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