De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

158 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS l'éconòmie, pas plus que la religion et l'art, ne connait de lois et de règles ..L'art, la religion, l'économie politique, disent-ils, sont trois sphères égalernent en dehors de la J ustice ; elles ~n dépassent la notion; elles ne tombent pas sous sa loi. La Justice est un principe secondaire, dont ces natures éminentes peuvent quelquefois user, mais à la_mesure desquelles elles ne sauraient se soum~ttre. Devant la force qui produit les phénomènes économiques, comme devant Dieu et devant le génie, il n'existe, à parler rigoureusement, ni lois, ni d_roits, ni mreurs. L'immoralité et la déraison consisteraient précisément à le nier. De 1nen1e,lorsque nous demandons qu'on introduise le droit dans le gouvernen1ent, et qu'on en·finisse avec ces retours continuels de la tyrannie par une constitution désormais à l'abri de toute ca~astrophe, M. Ferrari nous répond : qu'il n'y a pas, au fond, de droit politique; que les constitutions sont des créations essentiellement éphémères, des fictions que la puissance supreme réalise un instant, et qu'elle détruit après; que tout dépend ici d'une nature anté-juridique, extra-morale, indiff érente au règne de Dieu et au règne de Satan, de laquelle procèdent ex cequo toutes les énergies pour le bien et pour le mal, et qui a son expression dans ' , . . la raison d Etat. La théorie historique, qui met le droit au dessous de la raison d'État (la République au dessous du suffrage universel); celle des économistes, qui ·repousse tO"ute balance des produits et des services au nom du Laissez--- f aire, laissezpasser; celle des théistes ou religionnaires, qui met la morale au dessous de la foi; celle des partisaris de l'art pour l'art; toutes ces tl1éorics, qui au fond Biblioteca Gino Bianco

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