De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

146 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS travail qui lui donnat de quoi 1nanger, à lui et à sa famille. Il me conta qu'il avait été saint-sirnonien, qu'il avait sui vi le père dans sa retrai te à Ménilmontant, qu'après la dispersion de la secte il s'était marié et avait repris l'exercice de sa profession. - "Est-ce que, lui demandai-je, vos supérieurs en Saint-Simon, maintenant enrichis, ne vous viennent pas un peu en aide? - Ils me traitent de faux frère, répondit-il. J'ai été voir M*** : il m~a demandé pourquoi je m'etais marié, combien j'avais d'enfants, et de quel age. Sur ma réponse : Comment ! s'écria-t-il, vous passez la cinquantaine, et vous faites des enfants à votre femme ! Vous ne méritez pas qu'on s'intéresse à votre sort. Allez, allez, mon cber, et souvenez-vous que la prudence est le premier devoir des personnes mariées ! ,, C' est ainsi que les. apotre~ de. la Chair accueillent les malheureux qui trop indiscrètement· Ia cultivent.· 11s ignorent, et je ]es en félicite, que la misère est comme la guerre, qu'elle irrite l'appétit génésiaque, et porte, d'une manière presque irrésistible, l'homme au rut. 11s n'ont pas fait cette triste expérience, que. la continence a besoin de bien-etre; que le père et la mère de famille pauvres n'ont qu'un lit; que le contact des corps est électrique, et que de pauvres gens ont·déjà bien assez de leur indigence sans y joinclre l'borreur de la stérilité malthusien·ne. ·Depuis vingt-cinq ou trente ans, selon le témoignage d'un certain abbé Lelong qui nous a été rapporté, une révolution s'opère dans· la pratique des confesseurs sur~ les deux faits de l'usure et de l'onanisrne marital, ou moral-rest1·aint. Les nouveaux casuistes, pires cent fois Biblioteca Gino Bianco

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