De la Justice dans la Revolution et dans l’Eglise - P. J. Proudhon - Vol. 5 - 1870

NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 99 blique, des sentences de tribunaux, des exploits d'buissiers, des minutes de notaires, le nom de l'empereur à la place de la sainte Trinité ou de la République une et indivisible : le danger n'est pas · grand, si la justice est bien faite, quoiqu'il y eut plus de convenance à ce qu'elle fut rendue au no1n du peuple. C'est autre chose quand le pouvoir, par la loi de son origine, est entrainé à mettre la main sur la justice, camme sur la propriété, com1ne sur la presse, la bourse et le trésor; quand il fait parler le magistrat, non plus selon le , droit, mais suivant sa raison d'Etat; quand il tourne et retourne, àu gré de sa politique, les traditions et les maximes. La question alors n'est plus entre la monarchie et la démocratie, entre la souveraineté du peuple et le droit di vin, entre l'autorité et la liberté; elle est, . abstraction faite des qualités du prince, que sa position domine, et de son hon9rabilité personnelle, qui n'est point en jeu, elle est, disons-nous, entre la probité et la prévarication, entre l'honneur du pays et son infamie .. Sous le régime impérial, le ministère public, qui seul a le droit de poursuivre, de recevoir les plaintes et les révélations, qui seul peut se permettre de rappeler les fripOJ.?.S à l'ordre sans se voir accusé de diffamation, le ministè!e public a d'abord la facµlté de laisser dormir la loi, ou de l'exhumer s'il le juge à propos, et de sévir. C'est ce que M. Billa.ut signifiait naguère avec menace dans sa circulaire relative à l'agitation cléricale. Pouvoir discrétionnaire, législation discrétj onnaire, J usti ce discrétionnaire , voilà, en six 1nots , le systè1ne impérial. La loi est une épée que le gouvernement laisse au fourreau, tant qu'il ne se sent pas menacé, BibliotecaGino Bianco

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