Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 81 en ce moment recevoir d'application; repoussé de la préfecture et de la mairie, suspect au parquet, hostile au clergé, redouté de la bourgeoisie, sans profession., sans avoir et sans crédit, voilà oùje suis arrivé à trente- quatre ans. Je n'ai plus rien à faire à Besançon; j'ai dans mon métier de compositeur une ressource honnête et avouée; le bec de ma plume me fournira un petit supplément; avec cela, je vais attendre les événements, et je renonce au rôle de solliciteur. Mon livre paraitra en avril; j'ai revu et corrigé la dédicace que je f ai adressée; j'y ai inséré une phrase, au sujet de la religion, pour que l'on ne te mît pas en communauté d'opinions avec moi sur une matière aussi dangereuse. Tu me comprendras fort bien, toi; mais les sots, les envieux et les cafards ne cherchent que plaies et bosses, et ils sont en majorité. J'ai cru devoir prendre cette précaution, qui, sans rien préjuger de tes senti- ments, t'enlève toute comp1icité et par conséquent toute responsabilité. Voici, au surplus, cette phrase : « J'ai donc répudié la philosophie; mais-que diras-tu, <c ami, en apprenant que du même coup j'ai nié aussi la « religion? Toi dont l'âme aimante et pure, dont l'esprit << toujours élevé ~ Dieu, convertit en un culte sublime « tout sentiment, toute action, toute pensée, ne crain- {< dras-tu pas pour la société les suites de cette néga- « tion effrayante, etc. » Tu vois qu'un évêque pourrait accepter cette dédi- cace. Je compte être à Paris après Pâques, et présider moi- même au débit de mon livre. Un libraire m'9ffre déjà d'en prendre cinq ceBts à 3 francs. Je désire qu'il en prenne mille. CORRESP. If• 6 Biblioteca Gino Bianco
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