Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
78 CORRESPONDANCE principe de la souveraineté représentative, l'égalité devant la loi, la liberté de conscience et celle de la presse. Qui oserait dire que ces principes n'eussent pu produire leurs résultats sans la catastrophe- du 21 jan- vier, du 31 mai, etc., etc.? Maintenant, pourquoi la nation ne put-elle se tenir aux institutions de 89, et comment expliquer les évé- nements qui suivirent? C'est, à mon avis, que dès 8·9,. et en même temps que s'affranchissait la bourgeoisie, se posait la question du prolétar1at, question qui pou- vait être résolue comme conséquence de la réforme de 89, mais que le peuple~ ameuté par quelques déma- gogues, s'habitua à considérer comme le dernier terme d'une série qui n'était point achevée, savoir : Roi, Clergé,Noblesse,Bourgeoisie,Peuple. Or, èn voyant la résistance de Bailly et de Lafayette, de Mirabeau lui- même, et plus tard des_Girondins, le peuple s'entêta à séparer ses intérêts de ceux de la bourgeoisie; plus il rencontra d'obstacles, plus ses chefs crièrent à la contre- révolution, plus la violence s'accrut du côté du mouve- ment, tant qu'à la fin la multitude l'emporta sur les lumières et le statu quo du parti conservateur. Mais, comme·l'expérience manquait aux tribuns, comme ce n'est pas av~c des discours et des sentiments qu'on organise une société, la Répub] ique ne put vivre ; les institutions bourgeoises demeurèrent, les tendances du prolétariat aboutirent au néant, et tout fut, tout est ' encore a recommencer o D'après cela , je puis formuler mon opinion sur Robespierre. Mettant à part les qualités bonnes et mauvaises de cet homn1e, sa médiocrité, sa rhéto- rique, etc., je crois que, comme chez Danton et autres, il n'y avait en lui que des aspirations et des tendances, Biblioteca Gino Bianco
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