Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.. -J. PROUDHON. je puisse démentir mon passé et même mes idées. Ainsi, mon cher ami, repoussé par la préfecture, repoussé par la municipalité, peu recommandable au clergé, suspect à la magistrature, redouté par la bourgeoisie, je n'ai rien à faire ici. Mon imprimerie est vendue (j'en suis pour 7,000 francs d'étrivières, dont j'aurai à prélever les intérêts chaque année sur mon travail) ; je n'ai pas cinq sous à gagner à Besançon, et toutes les sympa- thies que j'inspire sé réduisent à cinq ou six personnes. Au 1er mai, je vous embrasserai. J'ai lu les deux volumes de l'Histoire de Louis Blanc, et j'en suis mécontent. L'auteur m'a prouvé ce que je savais déjà, qu'une intrigue dynastique avait escamoté la révolution de Juillet à la bêtise républicaine ; mais il m'a fait voir aussi, sans s'en douter, que les républi- cains à'aujourd'hui n'étaient pas plus avancés que ceux d'alors, puisque ces douze années de règne ne signi- fiaient pas autre chose pour eux que douze années de duperies. Eh! laissez donc là Louis-Philippe, et Dupont, et Laffitte, et Molé, et Thiers, et Guizot, et tous ces pantins: regardez donc, si vous avez des yeux pour voir, d'un côté, cet immense deleatur tracé sur les idées bonapartistes , légitimistes, théocratiques, nobiliaires, militaires, grecques ou renouvelées des Grecs; et, de l'autre, un droit nouveau s'élaborant insensiblement dans !!esprit du peuple et des savants, au milieu des petites jongleries et corruptions de tous les partis. Le règne de Louis-Philippe, comme préparation à un ordre nouveau, est l'un des plus remarquables de l'histoire; qu'importe que Louis-Philippe et ses minis- tres n'en sachent ni le pourquoi ni le comment? Je vais faire venir la brochure de M. Ortolan; j'ai un chapitre à faire dont le sujet est précisément le sien; et Biblioteca Gino Bianco
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