Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
• 70 COURESPONDANCE toutes choses qu'il trouvera dans les bibliothèques de Berlin. Puis, j'ai laissé chez Haag deux ou trois petites caisses fermées et pleines de papiers, avec des bouquins encore dont je n'ai pas voulu m'embarrasser à Be- sançon. Je n'ai guère ici que le Voltaire, avec ~ne petite collection de classiques français. Qu'il désigne donc ce qu'il veut avoir, et je me mettrai en mesure. Si j'avais trouvé à les vendre, j'aurais cru faire plaisir au propriétaire en les échangeant contre de l'argent; j'ai offert plusieurs fois Voltaire pour 100 francs; on n'en a pas voulu. Je t'ai parlé dans ma dernière de l'état de mes affaires; j'ai appris hier que l'archevêque lui-même appuyait ma présentation au préfet, en sorte que je ne peux guère manquer de réussir. Toutes ces circons- tances feront qu'après la publication de mon livre on me reg arde~a comme un monstre d'ingratitude, parce que j'aurai dit mon avis sur le sacré et le profane. Cependant je vais faire ma d~mande; une fois placé, il me semble que je resterai, parce qu 1 une destitution serait un scandale, et qu'on aimera mieux accueillir mes explications que de me persécuter encore. Il faut que le gouvernement m'accepte; si cela arrive, ma carrière peut devenir brillante. J'aurai l'avantage d'être tout à la fois le réformiste le plus avancé peut-être de l'époque, et le protégé du pouvoir. A te dire vrai, mes amis de Besançon pensent que je me berce d'illusions. Peut-être n'ont-ils pas tort. Quoi qu'il en soit, il y aura du :µouveau dans ma vie avant Pâques. Je serai des- titué pour mon livre, et cela fera de l'éclat; si je ne le suis pas, je suis plus fort que n'importe qui en }?rance. Nous avons eu l'abbé Ravignan, un parleur, pendant tout le mois de décembre. Tu sais que les prédicateurs Biblioteca Gino Bianco
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