Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 67 distractions de ma vie et une éducation toute philoso- phique et religieuse ne m'ont presque permis de rien apprendre; assez fort jusqu'ici pour détruire, les maté- riaux manquent à mon imagination pour édifier. De tout ce que le genre huma.in a découvert, je n'ai entrevu que les moindres parcelles; chaque ligne de cet écrit témoignera de l'insuffisance de son auteur. << Toutefois, j'ose le dire, la médiocrité n1êrne du savoir me servant d'inspiration, des lambeaux ramassés pendant mes courtes études je me suis créé, par une sorte de désespoir, une science à moi seul. Puisses-tu, ami, honorer de ton estime ce fruit de mon indigence 1 Puisses-tu y recueillir quelqu'une de ces indications précieuses que la sagesse elle-n1ême a souvent dues à un heureux instinct! Peut-être, d'ailleurs, en voyant ce qu'a fait de si peu un aventurier de la science, d'autres, riches d'érudition et de loisir, nourris de fortes pensées, souriront à mon audace, suppléeront mes manquements, et, convertissanct e sentierenrouteroyale, (Kant), achèveront dignement une tâche laborieusement commencée. « Tu es heureux, mon cher Bergmann; tu interroges en trente idiomes la raison humaine; tu suis, dans les formes merveilleuses du langage, les lois de la pensée; et pour toi la science de la parole n'a point de secrets. Tes nombreux amis te chérissent et t'honorent, et les joies pures de la famille mettent le comble à ta félicité. Savoir, aimer. quel destin pour un mortel I C'est le tien, mon cher Bergmann, ce sera un jour celui de tes frères. >> Je suis en marché pour vendre mon imprimerie; d'un autre côté, les personnages les plus influents de BibliotecaGino Bianco
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