Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
I ' CORRESPONDANCE tendre à demi sont aux trois quarts égoïstes ou fanati- ques. Je m,aperçois tous les jours qu'il y a bien peu de liberté d'esprit et de courage dans le monde. J'ai écrit et publié sans effort mes précédents Mémoires; au- jourd'hui il me semble que j'ai été téméraire. Il y a un mois qu'une sociétéd'émulation pour les sciences et les lettres me demande un article pour sa collection; je le fais, et je choisis mon sujet dans la Bible, sur laquelle mes études d'hébreu m'ont permis d'amasser de curieux matériaux. J'avoue que ce mor- ceau aurait consterné et mis en furie tous les tonsurés; cependant, il ne contenait pas autre chose qu'une ana- lyse exacte,. pleine de grec et d'hébreu, de deux ou trois Psaumes; mais enfin c'était de la science philologique pure, et malgré la bonne volonté de MM. G*-*·)1C<*-*,* et L~*, etc., mon article a été rejeté. Entre quarante ils ont moins de hardiesse que je n'en aurais à moi seul. Car tu dois penser que cet article recevra de moi tôt ou tard sa destination; je ne ferais pas grâce au public d'une vérité, pour être pendu. Je sens de plus en plus que je suis mal ici pour étu- dier et pour écrire. J'ai été acquitté par grâce, et, certes,, mon absolution n'est pas un triomphe. On ne me man- querait pas une seconde fois. Un tas de libertins, qui ne croient ni à Dieu ni au diable, me feraient brûler par zèle de religion. Il faut que je gagne le large et que je mette ]a guerre sur un pied tel qu'on puisse écraser cette clique sans qu'ils aient droit de réclamer. A cette fin, je réserve ma critique pour les petites choses; hors de là, je ne serai plus à l'avenir qu'un savant etun métaphysicien, louant tout, afin d'avoir le droit de montrer, au moyen de quelques réserves, le vice de toui. Cette_ allure ne me va guère; mais il le faut. Biblioteca Gino Bianco
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