Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. -4& dans la masse des lieux communs littéraires, tant rebattus depuis Quintilien , Denis d 'Fialicarnasse et Arjstote, ceux qui conviennent à votre tour d'esprit, les traiter d'une manière neuve et piquante, vous en faire un texte afin de répandre quelques vues intéres- santes, quelques critiques pleines de goût, quelques paradoxes émoustillants; cela, dis-je, est plus difficile qu'on ne croit, demande plus d'art que de force de con- ception, plus de talent que de génie, et il me paraît que vous y réussirez. Je vous ai dit que j'avais à faire cruelques réserves; je vais suivre l'ordre de vos pages. 1, 2. Je trouve que vous avez outré la pensée de Boi~eau, pour avoir le plaisir facile de le réfuter. - Il fallait, avec un peu de bienveillance pour lui , vous borner à l'interpréter dans votre sens ; cela suffisait à votre but, et votre livre n'y perdait rien. Nous avons tous le sentiment inné de la poésie et un commence- 1nênt de talent poétique. Boileau le pensait, n'en doutez pas, tout co1nme Gœthe; mais il n'admettait pas que ce germe, dans sa moyenne proportionnelle, pût deve- - nir par le travail ce qu'on le voit dans I-Iomère. Cela suffisait à sa thèse, et je trouve qu'il avait raison. Nous sommes tous appréciateurs, parce que tous nous avons le germe; nous ne son1mes pas tous faiseurs, parce que nous ne recevons pas tous la fécondation. P. 2. Je ne puis accepter votre définition de la poé- sie, et c'est la plus grande tache que je trouve à votre ouvrage. Votre définition convient tout au plus au sentirnentpoétique; mais la poésie est le talent d'eœ- pri1ner ce sentiment ou de reprodui1·ele spectacle d'une é11iotion, si vous voulez que j'emploie votre style. Il me sembl~ que vous tombez ici dans la non-di!férenciation: défaut allen1and. CORRESP. Il. 4 BibliotecaGino Bianco
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