Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

48 CORRESPONDANCE Eh bien I cela, pour moi, mon cher, est puérilité; ce n'est pas science. Je suis surpris que votre hégélien admette la partie négative de ma dialectique, et rejette les conséq11;ences positives. Comment oublie-t-il que, par une conversion d'arguments et de fnrme, toute cette partie négative va devenir pratique, science positive, affirmation enfin? J'attendais mieux d'un hégélien. Quoi! un philosophe de cette école, oil l'on sait si bien remanier une propo- sition, une formule, et la faire paraître sous mille faces, n'a pas compris que cette longue critique du droit de propriété allait tout à CO'}P, en un tour de baguette, se traduire en système de jurisprudence! Je vous le répète : messieurs les Allemands, dans leur pédantisme catégorique et subjectif, nous méprisent; mais qu'ils sachent bien qu'aussi-tôt que leurs systèmes dont ils sont si fiers, et que nous ne connaissons que par les plagiats de M. Cousin et les vanteries de quelques gobe-mouches, auront passé à l'étamine française, il n'en restera rien. 2° Je viens à votre brochure. J\~n suis plus cont~nt que de tout ce que je connais de vous, et je vous en fais mon compliment. Cette fois, vous êtes penseur, toujours un peu subtil; mais enfin, il y a des observa- tions, des choses et des idées en vous. Sauf quelques réserves, j'aime votre ouvrage. J'y ai trouvé de l'in- térêt, de l'instruction, de la vie, du style. Je regrette que vous ayez pris si vite la couleur ger1nanique ; mais cela prouve, selon moi, que vous profitez de votre séjour, et que si jamais, bien saturé de la forme et de la pensée allemandes, vous revenez en France, vous serez un écrivain original et spirituel tout à la fois. Cela n1êmc 1ne se111hlcvotre spécialité : bien choisir Biblioteca Gino Bianco