Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
I • 44 CORRESPONDANCE bien qu'il s'agissait pour le jury de savoir si vérita- blement il y avait un côté philosophique dans mes doctrines, qui pût rendre raisonnables et innocentes les effroyables imprécations que je m'étais permises contre la Propriété. Le chef du jury dit : « Cet homme est dans une sphère d'idées inaccessible au vulgaire ; nous ne pouvons· condamner au hasard, et qui nous répond de sa culpabilité? >> · Ce n'est pas tout; accusé d'exciter à la haine et au mépris des prêtres, des académiciens, des journalistes, des philosophes, des magist? 4 ats, des députés 1 etc., je pris occasion de la partie scientifique et inabordable de ma défense, pour faire une revue critique de ces différentes classes de citoyens. Cette critique, lue avec un grand sérieux, une grande simplicité d'intonation qui con- trastait singulièren1ent avec le sel, la vivacité, l'énergie, la justesse des sarcasmes; toute pleine d'allusions per- sonnelles, dont quelques sujets se trouvaient précisé- ment à l'audience, produisit un effet merveilleux. - Les jurés se regardaient et se pinçaient pour n~ pas rire; les juges baissaient la tête, pour sauver leur gravité, et le public riait. Ce qu'on n1e reprochait d'avoir écrit n'approchait plus de cc qu'on me laissait dire; et ma recette homéopathique produisit le résultat que j'en attendais. J o fus acquitté aux applaudissements du public; poignées de mains des jurés, et félicitations des juges!! I Le lendemain, il y eut querelle entre les gens du parquet, qui se rojetaient l'un à l'autre la maladres3e des poursuites ... Maintenant je suis hors d'atteinte; 111abrochure s'est écoulée, assez lenten1cnt cependant. Je n'ai pas l'hon- neur des sympathies d'aucun parti; j'ai si horriblen1ent maltraité le National que tout le n1onde craignait pour Biblioteca Gino Bianco
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