Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
36 CORRESPONDANCE Je suis assez satisfait de M. Ferrari; seulement, je ne lui trouve pas encore d'originalité. M. Ferrari est un esprit vigoureux; mais je ne puis affirmer, d'après ce que j'ai vu, qu'il pense par lui-même. C'est la manière universitaire, le goût des analyses, des comparaisons, des rapprochements; la défiance de l'exclusivisme et la disposition éclectique qu'on trouve partout depuis Cousin. Je ne puis m'accommoder de tous ces peut-être, de _cesmille probabilités , de ces interminables incer- titudes. Avec cette faconde mener les choses et de di- .. riger l'esprit humain, on n'en finira jamais. Ici Platon; là, Aristote : qui a raison des deux? - L'un et l'autre, et ni l'un ni l'autre. - Que voulez-vous, enfin? - Je ne sais. Voilà le refrain de l'éclectis1ne. On me parle d'une synthèse entre Aristote et Platon, entre la pro- priété et la communauté, etc., etc. - Dites enfin ce que sont ces synthèses ; en ce qui me concerne, je m'y perds. Du reste , j'ai été on ne peut plus content de la jus- tice qu'on lui a rendue. Nos archevêques jouissent de leur reste. Ils ne savent pas qu'il est Lrop tôt pour le peuple ignorant d'en finir avec l'Église, et que, s'il reste au catholicisme encore un souffle de vie, c'est pour le bon plaisir de l'université. Mais voici ce qui arrivera. Il se trouvera pour la religion comme pour la propriété un ho1nme qui lui portera le dernier coup; les éclectiques seront mis en de1neure de formu- ler leurs synthèses : on hésitera quelque temps ; on criera mên1e contre l'intempestif aggresseur; puis on se résignera ~ et nous vivrons en paix. Voilà ce que J'espère et ce que je crois. Puisque rien ne se peut effec- tuer en ce monde sans un peu de désordre et de bruit, il faut en prendre son parti et préparer le m_oruent de BibliotecaGino Bianco
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