Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

I 302 CORRESPONDANCE soire, après le 24 février, était à mon avis bien,simple. Il n'y avait qu'à faire démolir les barricades êt remettre en place les pavés de Paris. •c'est-à-dire, après avoir proclamé la République, rentrer dans l'ordre de la veille ; dépenser, s'il le fallait, !50 millions, 100 millions même pour donner du pain aux ouvriers ; rassurer le commerce et la propriété, garder intact le dépôt de la révolution et attendre de la publicité, de la presse, de l'Assemblée nationale, que la lumière se fît. Le gouvernement provisoire, passé aux mains d'une, deux ou trois coteries provisoirement coalisées, le vieux jacobinisme, la démocratie parlementaire, le commu- nisme déguisé, s'est mis à promettre, à intimider, à légiférer, à réformer, à décréter à tort et 'à travers sans connaître le premier mot de son rôle, sans comprendre l'esprit de la révolution nouvelle, sans aucune connais- sance des questions formidables qu'a soulevées l'évé- ·nement du 24 février. Voilà quarante jours passés en harangues renouvelées de la Montagne I On plante des arbres de la Liberté; on change les inscriptions des monuments, on fait des processions patriotiques ; on chante des hymnes de 89 et de 92; il n'y en a point encore pour 1848 l. .. Nous vivons sur des souvenirs ; on croirait, s'il fallait en juger su.r les apparences, que cette révolution n'a éM faite que pour nous donner la comédie en pleine rue : Paris tout entier est le théâtre où se joue l'ancien drame révolutionnaire. En attendant, le ridicule frappe à mort la République; les ouvriers des ateliers nationaux sifflent l'organi- sationdu tra1Jail; on s'en moque jusque dans les écoles des petites filles. - Cependant les affaires cessent; le commerce est suspendu ; les fonds publics sont en ' Biblioteca Gino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==