Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 27 mier mot nulle part. Inutile de vous dire que, dans tout cela, je n'expose que des méthodes et des lois ; ce n'est pas en deux volumes qu'on déroule le tableau de l'esprit humain et de la société. Ma prétention est d'ou- vrir une mine et d'en indiquer le chemin; quant à l'édifice, je crois que cinquante volumes n'y suffiraient pas. Je crois que c'est une œuvre infinie et qui réclan10 le concours de tous les savants et de tous les siècles. Si je ne m'abuse pas, et que ma métaphysique soit aussi certaine que je la suppose, elle doit entraîner une révolution dans toutes les sciences morales et philoso- phiques. Admirez la sagesse de la nature, qui donne à chaque homme sa spécialité. L'un manque de loisir, de mén1oirc et de livres, c'est-à-dire qu'il reste nul sous le rapport de l'érudition; en revanche, il se forge un instrument de découverte et, de classification, qui ~upplée pour lui à tous les trésors de la science. Un autre vit moins de cette vie intérieure et ne s'arrête sur chaque idée qu'au- tant qu'il faut pour la saisir et l'emmagasiner dans son eerveau; en revanche, il acquiert cette richesse, cotte abondance de faits et d'idées, sans lesquelles la science ne saurait se d~velopper ....i\insi se forme la science col- lective; ce que nous lui apportons chacun est peu de chose en comparaison des erreurs, des scories et déblais qui nous sont personnels. Ce serait une opération bien faite pour humilier les amours-propres humains que de dégager l'apport de chaque auteur ou savant de tout ce fatras dont il l'a accompagné. J'ai rencontré hier le père Weiss pour la première fois depuis mon retour; je l'ai accompagné deux cents pas. Je vois avec peine que l'Académie se soucie aussi peu de moi que du dernier écolier des Ignorantins. La BibliotecaGino Bianco
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