Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. il Besançon, 3 mars 18i'2. A i1. TISSOT Mon cher Monsieur Tissot, j'ai reçu votre leLtre ce matin, affranchie (Pourquoi? ... ), et je ne puis m'empê- cher d'y répondre sur-le-champ, tant j'y trouve de choses curieuses, plaisantes, tristes et aimables. Vous êtes suspect I suspect au recteur, suspect au n1inistre, suspect à l'évêque! Je ne suis pas surpris si, e:h.butte à toutes ces suspicions, vous repoussez la dédi- cace d'un suspect I Je vous dois quelques explications à cet égard. Je dédie mes livres à deux sortes de gens : à 1nes amis et à mes adversaires. Je demande aux premiers leur consentement; les seconds ne sont avertis qu'en même temps que le public. Je sais tout ce que pourrait avoir de dangereux pour un membre de l'Université une belle et bonne dédicace signée de ma main; aussi ne voulais-je rien faire sans vous avertir; du reste, je vous l'ai dit, vous n'eussiez été en aucune façon compromis. Je trouve toute sorte d'avantages à me faire, de gré ou de force, un interlocuteur. Si j'étais seul au monde, plutôt que de monologuer, je parlerais à mon chapeau, tant j'ai horreur des soliloques. BibliotecaGino Bianco

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