Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 17 article, j'aurais perdu mes derniers appuis dans le jury, composé en partie d·homme religieux, mais incapables de distinguer la relig1on de la superstition. L'auditoire était comble; toute la ville en émoi; toutes les catégories offensées, dans l'attente d'une vengeance. On espérait me voir humilié par une rétractation et par une peine sévère; j'ai crucifié en pleine audience plus de monde que je n'avais jamais fait; mon discours, loin de ressembler à une excuse, a été une perpéLuelle ins- tance. Le Ft·anc-Co1ntois, si vous avez eu connaissance des trois ou quatre numéros que sa bienveillance m'a consacrés, vous en aura instruit. Pendant que je faisais part au jury d'une lettre que j'avais écrite à JYI.Du- châtel, la réponse arrivait par le télégraphe : c'était l'ordre de sévir si l'on obtenait une condamnaLion. Le jury m'a acquitté à la simple n1ajorité sur le délit d'attaque à la Propriété; et à l'unanimité sur les autres chefs. Ce procès 1n'a éclairé sur plusieurs points : 1 ° La volonté arrêtée du gouvernement de résister à toute réforme, et de neutraliser la libre discussion; ce qui me fait perdre tout espoir. 2° La tendance de plus en plus monarchique et aris- tocratique, monopolisante, corruptrice et cafarde, de la dynastie d'Orléans. 3° L'alliance du clergé avec le nouveau pouvoir; son influence croissante dans les affaires , sa mauvaise volonté et son incapacité irrémédiable. Comn1evous, je pense maintenant que ce serait sottise de ménager les niaiseries catholiques et indulgenciées, pour le n1édiocre avantage de ne ~point chagriner quelques bonnes gens ; et je m'apprête à leur faire bonne et rude guerre. Il y avait dix à douze représentants de l'Église à mon juge- coRnEsP. II. 2 BibliotecaGino Bianco

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