Correspondance de P.J. Proudhon - Vol. 2 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 11 moi la concession d'un vieil employé à 2,400 francs, avec peu de besogne. Il faudrait que cetLe nomination m'advînt avant le procès, et c'est un des motifs secrets de l'ajournement que je vais solliciter. J'ai lu ta lettre avec grand plaisir et je suis vraiment heureux de ton bonheur do1nestique. Je sais depuis longtemps qu'une intelligence au-dessus de l'ordinaire ne va pas sans une grande sensibilité, et tel qui paraît cahne et réservé ne dit pas tout ce qu'il éprouve. Sois donc heureux autant qu'un honnête et savant homme peut l'être; sache entretenir et augmenter ton bonheur; la part qu'un homme peut prendre aux affaires de ce monde est si petite en comparaison de celle qu'il lui reste à donner à ses intérêts, que c'est folie~ je le dis sans prêcher l'égoïsme, de vouloir sacrifier un bien- être facile et sûr à de vaines spéculations de science ou de dévouement. Réjouis-toi, dit Salomon, avecl'époitse de taje11;1iesse; puis adore Dieu, et exerce ton âme dans la contemplation de s~s œuvres. La science ne peut manquer de se faire, sans que nous nous fassions périr pour elle; la violence, si elle conduit au royaume éter- nel, fait avorter souvent la vérité. Rien de trop, rien avant le temps; chacun pour son bonheur, et tous pour l'étude; ce sont les préceptes de la sagesse. Il est très-possible que j'aille à votre congrès stras- bourgeois; I\1aguet serait du voyage. Il va prendre incessamment son diplôn1e de docteur. Si je gagne mon procès, que j'avance mon ouvrage sur l'organisation, et que je sois nommé à la municipalité de Besançon, je suis en pleine voie de succès. Sinon, je ne puis encore calculer où je me trouverai rejeté. On peut m'infliger un an de prison, comme un mois; 100 francs d'amende ou 10,000. Je ferai un mois de prison et paierai 100 fr. BibliotecaGino Bianco ,