Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

.f6 CORRESPONDANC~J dont ma téte est farcie; tout cela ne peut vous convenir, pas plus à vous qu'à vos abonnés. Après cela, je suis incapable de travailler à jour et heure fixes; en. matière de journaux, j'ai essayé pendant une après-dinée entière de faire un résumé de nouvelles étrangères où je n'avais rien à mettre de mon cru; je me suis battu les flancs sans pouvoir en venir à bout. C'est tout ce que j'aie pu apprendre dans ce laborieux travail. J'ai eu plustòt fait d'écrire deux let- tres et ce que vous avez sous les yeux, que de me mettre seulement au courant des aflaires de la Suisse. J'ai, je crois, quelque facilité à rendre mes idées, et il est tel jour où je ferais un volume de ce qui me trotte dans la tete, mais les billevesées d'un cerveau à paradoxes, les hallucinations d'un esprit romanesque ne sont point pour remplir les colonnes d'un journal; or, je vous préviens que c'est d'après ce fonds acquis que je forme tous mes jugements; c'est le criteriurn que · j 'applique à toutouvrage, toute doctrine, tout événement. Mais j 'ai besoin d'un assez long temps pour saisir les rapports des choses, les concevoir nettement, former mon opinion et l'exprimer ensuite; enfin, je reviens à l'expérience que j' eri ai faite, aujourd'hui meme : un thème d'écolier en humanités dépasserait ma portée. J'ose croire, Monsieur, que vous sentirez la valeur de ces considérations, et que vous vous épargnerez un nouveau désagrément, et à moi un nouveau sujet de découragement et d'humiliation, en m'engageant à un nouvel essai qui serait, je le prévois, aussi malheureux I que le pren1ier. J'ai voulu écrire toute cette longue palinodie, dans l'impossibilité 011 je suis de converser avec vous. p. -J. PROUDHON. Biblioteca Gino Bianco

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