Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
14 CORRESPONDANCE vant moi, qu·une voie légitime à l'immortalité, à la reconnaissance des peuples, et aux suffrages futurs de l'histoire, pour un monarque constitutionnel : c'est de se regarder comme exerçant une sorte de dictature provisoire, sans conquetes, au sein d'une paix profonde. J e crois à la confraternité ·universelle. Tout souverain qui ne remplit pas cette mission est pour moi un traitre, un prévaricateur, un ennemi du genre humain. Vous conclurez facilement, d'après cet exposé, que j'opine à conserver et défendre le gouvernement que la France s'est donné depuis 1830, au moins encore quelques vingt ou trente ans; plus.meme, si besoill est. En fait de religion, très-certainement il ne s'impri- mera jamais de moi une ligne qui ne tende, de près ou de loin, à détruire le christianisme, tel que l'ont fait les théologiens. Le déisme pur, que je crois avoir été prof essé par Morse et J ésus-Christ, me parait suffire aux besoins du cmur de l'homme, à toutes les exigences de sa raison. Tandis que le théologien prete à la divi- nité et à la Providence une foule d'attributs contradic- toires, d'actes chimériques, qu'il multiplie sans fin les mystères, le déiste, s'il n'explique tout, fait table rase, du moins, de cet échafaudage de reveries, et son Dieu en devient plus raisonnable, plus conséquent, plus fait pour ,e philosophe et l 'homme libre. En ceci, comme en fait de république, il va sans dire que, si la vérité n'est jamuis nuisible, au moins peut-elle etre quelquefois inopportune. C'est à la rendre opportune que tous les hommes de bien doivent donc travailler de concert. J'ai beaucoup plus médité que lu sur ces matières, et mes observations, j 'ose le dire, sont toujours venues à l'appui des axiomes, des conséquences et de leurs co- Biblioteca Gino Bianco
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