Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. A M. J. MUIRON Monsieur, combien celui qui ne sait s'apprécier à sa just~ valeur, le téméraire qui vit sans réfléchir, s'apprete d'humiliations et de chagrins [ Je me trouve dans ce cas par ma faute; mais je me juge moi-meme et je m'arrete à temps. Il est sans doute désagréable pour vous, je le conçois, d'avoir fait toutes ces démarches si inutilement; mai~ il est encore plus humiliant pour moi de me voir obligé de vous rapporter, la rougeur au front, une si brusque et si prompte décision. J e rivaliserai avec ce consul romain qui ne mangea ni ne but, dit rhistoire, de tout son consulat. Connaissez-moi bien, Monsieur, et confessez que je suis rhomme du monde le plus incapable de faire le métier que j'allais entreprendre. D'ailleurs, je crois que nos principes ne s'accordent pas; et je vous l'ai dit, quoique je n'eusse pas encore de parti pris sur hien des choses, je tiens à mes principes: je ne les sa- crifierai jamais, quoi qu'il me puisse arriver; je suis content de ma position d'artisan. Je suis franchement et irrévocablement républicain de conviction et ~ sen- timent; il est vrai que mon républicanisme n'est pas tout à fait celui des séides de Robespierre, des dévots à Marat. Ils sont jugés par leurs ceuvres. Je crois le gouvernement constitutionnel une ébauche grossière, un malheureux essai d'un peuple ivre de ses libertés nouvelles, et prenant toujours les signes pour les choses significatives, comme l'a fait la France depuis 89. En France, et hientot en Europe, il n'est plus, sui- • Biblioteca Gino Bianco

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