Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

CORRESPONDANCE Entièrement étranger par mes gouts particuliers aux qt1erelles et aux débats politiques, je suis peu familia- risé av~c le style ou le jargon des journaux, le genre de mes étl1des étant presque totalement étranger aux con- naissances que l'on exige d'un rédacteur; quel parti, en effet, pourriez-vous tirer, Monsieur, d'un homme qui ne s'est occupé toute sa vie que de métaphysique, de langues, de théologie? Depuis deux ans je cours le monde, étudiant, inter- rogeant le petit peuple dont je me trouve plus rappro- ché par ma condition sociale; n'ayant guère le temps de lire, écrivant encore moins, rangeant à la hate les idées que me fournissent l'observation, la comparaison de tant d'objets divers; je manque totalement du talent d'écrire et de parler avec fertilité et esprit sur toutes sortes de matières, qualité essentielle chez un jour- naliste. De tout cela je commence à m'apercevoir et je conclus. que je ne suis guète l'homme qu'il vous faut; et vous m'en croirez sans peine, Monsieur, si je vous assure que je n'eusse pu 1 songer à me présenter chez vous de mon propre mouvement, n'était toute ma déférence pour les exhortations et les conseils d'un ami (Olympe 1'1icaut), sans lequel moi, simple compositeur d'impri- ,, 1nerie, je douterais que je pusse ètre autre chose. J'avais vu des rédacteurs de province; je savais de· quelle façon et avec quels matériaux la plupart rem- plissent leur feuille, et sur cet exposé, je me flattais, ayant déjà fait quelque chose de plus difficile, ce me semble, d'en venir facilement à bout, - Ajoutez l'es- poir qu'on faisait briller à mes yeux de pouvoir mo livrer exclusivement à l' étude. J'espérais de votre complaisance que vous-mème me Biblioteca Gino Bianco

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