Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

, I 348 CORRESPONDANCE prévenir cet acte de justice domestique que .je me défendais; c'était le coup que je voulais parer. J'étais loin d'imaginer qu'il ne s'agissait alors pour les acadé- miciens que de compléter leur jugement en joignant l'amende à leur condamnation. Quoi I ils n'en voulaient donc plus qu'à mon dernier semestre, les auteurs de la pièce fulminante du mois d'aout I 750 francs étaient devenuS' l'objet de ma défense et de leur convoitise ! Relisez ma lettre dù 1O janvier, Monsieur le Secrétaire perpétuel , et vous reconnaitrez la sincérité de mes paroles, quand je vous dirai que je n'eusse pas daigné répondre si j'avais connu l'arrèt académique imprimé à la page 104 de votre dernier rapport; arrèt d'autant plus affligeant qu'il fait suite à une longue série d'au- teurs franc-comtois, tous cités avec éloge. On sait votre con1plaisance pour les moindres essais tombés des plumes séquanaises; et vous, Monsieur, notre compa- triote d'adoption, vous avez du rire quelquefois de notre excessive vanité. Enfin, l'Académie, par les craintes qu'elle m'a ins- pirées et la nécessité où elle m'a mis de travailler pour vivre, est cause du retard qu'éprouveront mes publi- cations. Mon troisième Mémoire devrait paraltre cette année, et j 'ai quelque lieu de croire que, selon la parole de M. Blanqui, il m'eut fait prendre rang dans la science et aurait prouvé que, en n1e lançant brusque- ment dans une carrière si périlleuse, j 'avais bien mesuré mes forces et connu la portée de mon action. J e serais aujourd'hui maiire du terrain òùje lutte avec le préjugé universel, s'il m'avait été permis de travailler à ma guise. Mon succès, j 'ose le croire du moins, est ajourné. En attendant, je parais victime de mon imprudence ; c'est la seule raison que mes amis eux-mémes m'op- Biblioteca Gino Bianco I

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