Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
• DE P .-J. PROUDHON. que je vais faire marcher la science économique et lui en donner le sceptre. Je partirai dans huit ou dix jours, et ne pourrai te voir encore cette année, à moins que je n 'aille tourner par Strasbourg, en novembre prochain. Je ferai un assez long séjour à Besançon pour régler mes affaires. Le terme de mes échéances approche; il faut, ou que je vende pour payer, ·ou que je trouve de l'argent. Bien des gens me disent qu'une(emme peut seule me sauver. Mais voilà le diable I J e suis assez médiocrement amou- reux, ne connais personne, et, malgré la petite répu- tation que je me suis déjà acquise, je suis, sans exa- gérer rien, un mauvais parti pour une demoiselle. Je ne suis point épousaòlepa1"arnour; ce serait donc par convenance; or, à qui puis-je convenir? Pauvre, une fille ne me va pas, et me perdrait sans profit pour elle; riche, elle descend en s'alliant à moi; d'une médiocre fortune, elle sacrifie tout pour payer mcs dettes, après quoi elle se trouve avec rien et un mari de peu de res- sources. Plus j 'y réfléchis, plus je trouve que ce parti mitoyen est le moins praticable; car, en vérité, je ne puis, en connaissance, appliquer la dot d'une Jeune fille à couvrir mes obligations personnelles; je me le reprocherais. Il faut que mes créanciers attendent : voilà ce qu'il y a de plus clair. Il est question de fonder sous quelques mois une Revue nouvelle à laquelle j'aurai une grande part. D'un autre còté, une compagnie de banquiers milanais me propose de diriger une série de publications ayant pour objet un système financier. Tout cela n'est pas encore en voie de pleine réalisation. Je verrai venir. Je com- mencerai d'abord par mon troisième Mémoire, qui me posera, je le crois, ou bien qui me tuera. Biblioteca Gino Bianco •
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