Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
310 COI\R:f:SPONDANCE dans le billet d'envoi que j'ai joint ~à son exemplaire: e< Pour que la jurisprudence et la politique devien- nent une science, il leur faut leur matièred'e{l}périence et un ckampd'olJservation. Or, la matière d'e.xpérience est l'homme et la société; le champ d'observation est l'histoire, les religions , les lois, les coutumes, les croyances, l'économie politique, etc. « Qu'ont fait jusqu'à ce jour les légistes? Ils n'ont jamais su que partir de ce qu'ils appellent une loi, e' est-à-dire d'une tradition, et l 'appliquer, par voi e de •déduction syllogistique, jusque dans les derniers détails. Mais il arrive souvent qu'une loi, poussée dans ses conséquences, est contredite par une autre ou démentie par le sens commun et par la nature mème : que font alors nos jurisconsultes ? - 11s critiquent l '~e et l'autre loi ? - Point du tout ; ils cherchent dans leur sac à traditions quelque vieille solution de commenta- teur, et se tirent de ce mauvais pas en suivant chacun l'opinion qui est le plus de son goùt, etc. ~ Dans le premier Mémoire que j'écrirai, je commen- cerai à faire usage des principes que j 'ai établis, et je ferai la critique de la Ckarte et du Code par voie d'ex- pétience, d'observation, de comparaison, dè générali- sation et de synthèse. En repassant dans ton esprit ce que j 'ai fait jusqu'à présent, tu comprendras parfaite- ment ce qui me reste à feire, le degré de èertitude auquel je puis arriver 1 etc, Cela doit te paraitre aussi simple qu'infaillible; eh bien I je puis t'affirmer que pas un juge, pas un avocat, pas un légiste ne comprend ces choses--là. Il est ptodigieux combien leur ignorance et leur fatuité sont grandes- J e travaille ferme à mon ouvrage de jurisprudence criminelle; dans un mois d'ici, j'aurai préparé la Biblioteca Gino Bianco •
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