Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

DE J.-P. PROUDHON. 309 Laissons ce discours et parlons de mes études, puisque tu ne me dis rien des tiennes: Te rendre compte de mes pensées, de mes découvertes, ce n'est point parler de moi-mème , c'est causer avec toi de ce qui nous. occupe tous les deux : la science de l'homme et de la nature. Or, il me semble que mes idées se précisent de plus en plus, et que je marche directement à la restauration- si toutefois nous ne devons pas dire : à la création- de· la philosophie comme sciènce. M. Jouffroy l'a très-bien dit, et tout ce qu'il a fait en philosophie se réduit à cette unique proposition, qu'il a délay~e en deux cents pages : La philosophie n 'est pas encore définie, ni dans son but, ni dans son objet, ni dans sa méthode. Or, voici comment j'entends faire à mon tour une philoso- phie : appliquer le raisonnement et la méthode sur toutes les parties de la religion et de la morale, comme je le fais en ce moment pour la politique, comme les savants spéciaux l'ont fait pour l'histoire naturelle, la physique et les mathématiques, comme depuis quelques années les linguistes le font pour les 16ngues ; puis généraliser, par la comparaison et l'induction, les méthodes et les lois de toutes ces sciences, et de toutes ces espèces former un GENRE, qui sera, in abstracto superiori, la philosophie. Tu vois donc que mes études économiques et législa- tives sont, à proprement parler, une série d'expériences logiques qui me mèneront je ne sais 01.1, mais bien sure- ment quelque part. Il y a plaisir à s'entretenir avec toi de ces choses, parce que tu les entends très-hien, tan- dis que le monde n' est pour les philosophes de l'école qu'un péle-méle indéchiffrable. J'écrivais aujourd'hui méme au professeur Blanqui, Biblioteca Gino Bianco

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