Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

DE P.-J. PROUDHON. 30a de l'Académie. Mes nouvelles occupations ont été cause de ce retard; il m'a fallu travailler pour autrui, tra- vailler pour moi-mème , et entendre encore à mes affaires domestiqucs. L'ennui, la peine d'esprit et les · tracasseries se multiplient pour moi avec les a11:née;s joignez à tout cela le travail, et vous ne serez pas sur- pris si vous entendez dire jam:ais que j'ai par moment l'air hébété et comme fou. Mes maux de tète deviennent plus fréquents, ma faiblesse organique augmente dans la meme proportion. Si je travaille cinq ans encore comme les deux qui viennent de s'écouler, je suis un homme enterré. Le mal de Fallot n1e gagne. L'Académie est un peu la cause de mes maux, bien que je lui doive tout ce que j' ai appris; et je ne sais encore sur quel ton j e devrai la remercier au mois d'aout prochain. C'est elle qui m'a poussé à l'esclavage 01.1 je me trouve, et qui m'a préparé la plus rude épreuve qu'une vertu humaine puisse soutenir.. J amais homme ne prit tant de peine pour s'assurer un peu d'indépendance et ne fut si constamment et si fata- lement tenu dans la servitude. J'ai écrit contre la pro- priété; mais je crois qu'il me manquait quelque chose pour la bien connaitre, et que la Providence, par le ministère de l'Académie, m'a mis où je suis. J e ne me plains pas de l'homme avec qui j e travaille; assurément c'est un homme de coour, d'honneur, de bonne foi. Malheureusement, il n'y a rien de plus de commun entre nous. Doué d'un esprit brillant, léger, voltairien, vaudevilliste, mon propriétaireexploiteur n'a pas plus de réflexion que son chat, n'entend rien aux choses sérieuses, et ne saurait me comprendre. Nous faisons un livre ensemble, mais il faut ·que j 'en fasse, pour ma part , le f ond , la philosophie , l 'histoire , la CORRESP. I. 20 Biblioteca Gfno Bianco

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