Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

I !88 CORRESPONDANCE chez lui, que je mangerai avec lui le plus souvent, et qu'il me donnera 150 francs par mois pour mes com- pilations et mes recherches. C'est un homme d'esprit, mai~ point du tout raisonneur ni métaphysicien ; il des- tine son livre surtout au grand monde; mais, comme il y voudrait, avec les graces légères, une teinte de phi- losophie et de profondeur, il lui faut un philosophe qui pense pour lui. Il a connaissance de mes idées d'égalité; mais, bien qu'il m'ait déclaré qu'il était opposé à toute idée d'égalité et qu'il se tuerait si l'égalité devait étre établie, il ne s'effraie pas de mes principes et conçoit parfaitement qu'un honnete homme puisse soutenir ma thèse. Du reste, c'est un esprit indépendant, libéral et probe. La conduite de l'Académie envers moi l'a révolté, et il m'a exprimé tout le mépris qu'elle lui inspirait. Il croit que je n'ai rien à espérer. J'ai répondu à l'Académie, comme je suppose qu'elle le désire, j'entends pour la forme seulement; car je suis sur qu'on ne se soucie pas plus de me voir changer d'idées que de savoir que je persiste. Ce qu'on yeut, c'est une sp0liation brutale et une flétrissure. L'exemple des tribunaux de la Seine a donné du courage à nos quarante; ils ont senti combien il serait honteux pour eux de rester en arrière en présence de si beaux exem- ples. J'ai quelqlte lieu de soupçonner que M. Tou- rangin, qui, au mois d'aout dernier, m'était favorable, aura changé d'opinion. Nous avions alors pour ministre M. Thiers, et nous avons aujourd'hui Guizot : cela fait une différence. Puis, la cabale est excitée par les parti- sans de mon concurrent de 1838, par un abbé Péher- not, etc. Je sais que ce jeune homme, actuellement à Paris, compte sur la pensiou, non pour le mois d'aoùt, mais pour le mois de n1ars prochain. Quoi qu 'il arri ve, Biblioteca Gino Bianco

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