Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

... • J I CORRESPONDANCE pourquoi meler à vos élucubrations privées le nom inviolable de l'Académie'/ Messieurs, en adressant mon travail à l'Académie, je n'a~ pas entendu parler aux hommes qui, dans un mo- ment donné, la composent. Ce n'est point à M. Alviset, le premier président., ni à M. Monnot, le président, ni à M. Guillaume, le juge, ni à M. Clerc, l 'ancien avocat général, ni à M: Curasson, le praticien, ni à M. Doney, le philosophe, ni à M. Ruellet, le succursaliste, ni à personne enfin. Ce n'est point aux quarante citoyens dont les honorables individualités représentent phé- noménalement les scie:i.ces , belles-lettres et arts, en Franche-Comté que j 'ai fait hommage. de mon livre; c'est en eux, à l'Académie, à son unité collective, per- manente, indivisible, non infaillible, mais capable d'ac- quérir tous les jours des lumières nouvelles et de revenir d'une erre11rpassagère. Or, cethommagevolon- taire, absolu, sans arrière-pensée, j 'avais le droit de le faire et je ne puis le rétracter, et vous, Messieurs, vous ne pouvez m'en faire un crime. Repoussez la solidarité de ma doctrine, c'est votre droit,. ce peut etre votre devoir; comme citoyens, en effet, vous pouvez adhérer à mes opinions, mais comme membres d'un corps savant une semblable adhésion serait, je le suppose, prématurée, partant imprudente et blamable. Il n'est pas bon en général qu'une Académie prenne l'initiat~ve du mouvement intellectuel, non plus que des réformes politiques. Sa règle est d'observer, d'attendre et de laisser au temps à éprouver les idées ; mais là s'arrete votre prérogative. Craignezpourvotre gloire une méprise funeste; les hommes passent, la pensée demeure; quand - vous m'aurez blamé à la pluralité des suffrages, le temps, 1 ce changeur de formes, me refera une majorité. La <jf}. Biblioteca Gino Bianco

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