Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

\ 280 CORRESPONDANCE dans la fatalité ou dans le scepticisme, le véritable observateur, certain de l'esprit qui gouverne le monde, cherche à comprendre et à deviner la Providence. Le Mémoire sur la Propriétef, publié l'année dernière par le pensionnaire de l'Académie de Besançon, n'est pas ' autre chose qu'une ét11dede ce genre. Qu'ai-je fait, Mess.ieurs, dans cet essai déféré à votre justice par je ne sais quelles ignorantes et malignes instigations? Cherchant un axiome inébranlable à nos certitudes sociales, j'ai d'abord ramené à une question unique et fondamentale toutes les questions secondaires, si vivement et si diversement controversées de nos jours; celte questiona été pour moi le droit de propriété. Puis j'ai cherché par l'analyse et par une sorte d'expérimen- tation métaphysique, comparant les unes aux autres toutes les doctrines et en dégageant les éléments com- muns, ce qui, dans l'idée de propriété, était nécessaire, immuable, absolu; et j'ai affirmé que cette idée se réduisait à celle de Possessionindividuelle,transmissiòle, susceptiòle non d'aliénation,mais d' éckange, ayant pour condition le t1~avail,non une occupationfictive ou une oisivevolonté. J'ai dit de plus que cette idée était la résultante de nos mouvements révolutionnaires, le point culminant vers lequel convergent, en se dépouillant peu à peu de ce qu'elles ont de contradictoire, toutes les opinions nouvelles, et je me suis efforcé d'en donner la démonstration par l'esprit des lojs, par la psychologiet par l'économie politique et par l'histoire. Si je me suis trompé dans mes inductions, il faut le montrer et me tirar d'erreur; j' ai fait assez pour cela, et la chose en vaut assurément la peine ; il n 'y a pas lieu à chatiment. Car, comme le disai t un conventionnel que la guillotine ennuyait : Tue1 11 n'est pas 1·épondre. Biblioteca Gino Bianco