Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
' ' l I J I ' ◄ .,. ... DE P.-J. PROUDHON. 279 l'ouvrier que par un plus gros traitement. Ce système, avec des accessoires particuliers et quelques embellis- sements, est la pensée meme du phalanstère; mais il est évident que, si l 'inégalité est un des attrihuts de la propriété, elle n'est pas toute la propriété; car ce qui rend la propriété chose délectaòle, comme disait je ne sais plus quel philosophe, c'est la faculté de disposer à volonté non pas seulement de la valeur de son bien, mais de sa nature spécifique, de l 'exploiter selon son plaisir, de s'y fortifier et de s'y clore, d'en faire tel usage que l 'intérèt, la passion et le caprice mème sug- gèrent. Qu'est-ce qu'une jouissance en numéraire, une action sur une entreprise agricole ou industrielle, un coupon de grand-livre, à còté du charm~ infini d'étre maitre dans sa maison et dans son champ, sous sa vigne et sous son figuier? Plaisant projet de réforme 1 On ne cesse de déclamer contre la soif de l'or et contre l'individualisme croissant du siècle, et puis, par la plus inconcevable contradiction, on s'apprète à transformer toutes les espèces de propriétés en une seule : la pro- priété des écus 1 . Ce résumé rapide est loin d'embrasser tous les élé- ments politiques, tous les accidents de législation, toutes les institutions et les tendances qui menacent l'avenir de la propriété; mais il doit suffire pour quiconque sait généraliser des faits et en dégager la loi, l'idée, qui les domine. La société semble maintenant abandonnée au démon du mensonge et de la discorde, et cette triste apparence est ce qui désole si profondément nombre d'esprits distingués, mais qui ont trop vécu dans un autre age pour avoir l'intelligence du nòtre. Or, tandis que le spectateur à courte vue se prend à désespérer de l'humanité et se jette, en. blasphémant ce qu'il ignore, Biblioteca Gino Bianco
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