Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
DE P.-J. PR0UDH0N. 277 i pour quelques moments encore la cause du privilége. f La notion la pl_us exacte de la propriét~ nous est donnée par le droit romain, en cela suivi fidèlemenl par les anciens jurisconsultes ; c'est le domaine absolu, exclusif, autocratique, de l'homme sur la chose, domaine qui commence par l'usurpation , se continue par la possession et reçoit enfin sa sanction de la loi civile ; domaine qui identifie l 'homme et la chose, de telle sorte que le propriétaire peut dire : « Celui qui exploite mon champ est comme celui qui me ferait travailler , moi-meme ; donc il me doit récompense. >> Aussi Pothier disait-il : cc le domainedepropriété, >> et non pas sim- plement la propriété; et les plus savants jurisconsultes, à l 'instar du droit romain, qui reconnaissait un droit de prop1~iété et un droit depossession, ont distingué soigneu- sement entre le domaine et le droit d'usufruit, d'usage et à'kaòitation, que je regarde comme devant supplanter le premier et finalement constituer toute la jurispru- dence. • Mais admirez, Messieurs, la maladresse des systèmes, ou plutòt la fatalité de la logique : tandis que le droit romain et tous les savants qui se sont inspirés de ses textes enseignent que la propriété est un droit de pre- mier occupant, consacré par la loi, de nouveaux légistes, mécontents de cette définition brutale, se sont avisés que la propriété avait pour base le tt·avail. Aussitòt on a tiré cette irréfragable conséquence, que celui qui ne travaille plus et qui fait travailler un autre à sa place perd son droit, au bénéfice de celui-ci.. Dès lors, plus de propriété. C'est ce qu'ont parfaitement compris les anciens de la robe, qui n'ont pas manqué de se récrier contre ces nouveautés, tandis que la jeune école huait de son còté l'absurdité du premier occupant. D'autres Biblioteca Gino Bianco .. •
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==