Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

I DE P.-J. PROUDHON. 273 -pour cause d' utilitépuòlique, on veut eneore le dépos- séder pour cause d'utilité p1~ivée. De toutes parts on . réclame une révision de la loi sur les hypothèques ; on demande, dans l'intérèt mème des débiteurs et au béné- fice de toute espèce de créance, une procédure qui rende l'expropriation d'immeubles aussi prompte, aussi facile, aussi efficace que celle du protèt de commerce. Or, savez-vous, Messieurs, où aboutit une pareille transformation du régime hypothécaire? A monétiser, si j'ose ainsi dire, les propriétés immobìlières; à les accumuler dans des portefeuilles, à extirper du cceur de l'homme jusqu'au dernier sentiment de famille, de nationalité, de patrie ; à rendre sa personnalité de plus en plus solitaire, indifférente à tout ce qui lui est exté- rieur, concentrée dans t1n seul amour, celui de l'argent et des billets de banque. Certes, ce n'est pas ainsi que j'entends, moi, l'aboli- tion de la propriété. Que faisaient ces jours derniers nos représentants occupés dans leurs bureaux d'une loi sur le travail des enfants dans les manuf actures ? Messieurs, ils conspi- raient contre la propriété. Car leur règlement pourra bien empècher le fabricant de faire travailler un enfant au delà de tant d'heures par jour, mais il ne le forcera pas d'augmenter le salaire de cet enfant ni celui de son père. Aujourd'hui, dans un intérèt hygiénique, on diminue la subsistance du pauvre. Demain, il faudra l'assurer par un minimum d'appointements. Mais éta- blir un minimum d'appointements, c'est forcer la main du propriétaire, c'est contraindre le maitre d'accepter son ouvrier comme associé, ce qui répugne au droit de libre industrie et rend obligatoire l'assurance mutuelle. Une fois entré dans cette voie, on ne s'arréte plus : pet1 CORRESP. I. 18 Biblioteca Gino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==