Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
CORRESPONDANCE donna le dessein d'élargir le Forum, par respect pour des droits qui refusaient de s'abdiquer. L'homme imprime sa trace, son caractère , sa volonté sur la matière façonnée de ses mains l Cette force plastique de l'homme est, au dire des modernes jurisconsultes, le sceau qui fait de la matière une chose inviolable et sacrée. Et cependant, lorsqu'il a plu à une commission administrative de déclarer qu'il y a utilité publique, la propriété doit céder à la volonté générale. Ce n'est là, dira~t-on, qu'une exception qui confirme le principe et dépose en faveur du droit. Je le veux; mais de cette exception nous allons passer à une autr-e, de celle-ci à une troisième, et d' exceptions en excep- tions nous réduisons la règle à une pure entité. . Combien pensez-vous, Messieurs, que le projet de conversion des rentes compte en France de partisans? J'ose dire tout le monde, excepté les rentiers. Or, cette prétendue conversion est une vaste expropriation, et cette fois sans indemnité aucune. Une inscription de rente est un véritahle immeuble, sur le revenu duquel le propriétaire compte en toute sécurité ; son droit, c'est la promesse tacite du gouvernement emprunteur de servir l'intérèt au taux convenu, aussi longtemps que le rentier ne demandera pas son remboursement. Qui obligerait celui-ci, en effet, de placer son argent , sur l'Etat, plutot que d'acheter des maisons ou des terres ? Lors don e que vous for~ez le capitaliste de supporter une diminution d'intérèt , vous lui faites banqueroute de toute la différence, et comme, par la généralité et le retentissement de la mesure, un place- ment aussi avantageux lui devient impossible, vous avilissez sa propriété. Ce n'est point assez de pouvoir déposséder un citoyen Biblioteca Gino Bianco
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