Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875
DE P.-J. PROUDHON. 271 moral et plus digne d'éloge que de blàme. Ce que j'ai à dire ici ne devant recevoir aucune publicité, l'on ne saurait sans injustice me préter l'orgueil de la contra- diction ou la fatuité de me poser, comme sur un théàtre, en victime de mes opinions. Qu'il me soit donc permis de me défendre en toute liberté et simplicité. Oui, j 'ai attaqué la propriété ; mais, Messieurs, dai- gnez jeter les yeux autour de vous. Considérez vos députés, vos magistrats, vos philosophes, vos ministres, vos professeurs, vos publicistes ; comptez avec moi les restrictions que le besoin de chaque jour, au nom de l'intérét général, apporte à la propriété; mesurez les brèches déjà faites; évaluez celles que la société tout entière médite de faire encore·; ajoutez ce que renfer-- ment de commun, sur la propriété, toutes les théories ; ìnterrogez-vous vous-mémes, et puis dites-moi ce qui restera dans un demi-siècle de ce vieux droit de pro- pri~té? et tout à l'heure,_ en me découvrant tant de complices, vous me trouverez moins coupable. , Qu'est-ce que la loi d'expropriation pour cause d'uti- lité publique· à laquelle tout le monde a applaudi, et que l'onne juge pas encore assez expéditive? Une vio- lation flagrante du droit de propriété. La société indemnise le propriétaire dépossédé, mais lui rend-elle ces souvenirs traditionnels, ce charme poétique, cet orgueil de famille qui s' atta che à la propriété ? Naboth et le meunier de Sans-Souci eussent protesté contre la loi française, comme contre le caprice de nos rois : « C'est l'héritage de nos pères I se fussent-ils ·.écriés, nous ne le vendrons pas. » Chez les anciens, le refus , du particulier arrètait la puissance de l 'Etat ; la loi romaine fléchissait devant l' obstination du citoyen, et un empereur~ Commode, si je ne me trompe, aban- " Biblioteca Gino Bianco
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==