Correspondance de P. J. Proudhon - Vol. 1 - 1875

f SA VIEET 80N OEUVRE. xv avec persévérance et vous triompherez. J.-J. Rousseau a tàtonné jusqu'à quarante ans avant que son génie se révélat à lui. Vous n'ètes pas J.-J. Rousseau; mais écoutez : je ne sais si j'aurais deviné l'auteur d'Érnile à vingt ans, à supposer que j'eusse été son contempo- ' rain et que j 'eusse eu l'honneur de le connaitre. Mais je vous ai connu, vous, je vous ai aimé: ~0 vous ai deviné, si j 'ose le dire; pour la pr~::-.l~èrfeois de ma vie, je vais me hasarder à prédire l'avenir. Conservez cette lettre, relisez-la d'ici quinze ou vingt ans, vingt-cinq peut-ètre, et si alors la prédiction que je vais vous faire ne s'est pas accomplie, brulez-la comme d'un fou, par charité et par respect pour ma mémoire. Voici ma prédiction : vous serez, Proudhon, malgré vous, inévi- tablement, par le fait de votre destinée, un écrivain, un auteur; vous serez un philosophe; vous serez une des lumières du siècle, et votre nom tiendra sa place dans les fastes du xrx 0 siècle; con1me ceux de Gassendi, de Descartes, de Malebranche, de Bacon, dans le xv11°, comme ceux de Diderot, de Montesquieu, d'Helvétius, de Locke, d'Hume, de d'Holbach dans le xv111°. Tel sera votre so:r,tI Maintenant agissez à votre guise, com- posez des caractères d'imprimerie, élevez des bambins, enfouissez-vous dans une retraite profonde, recherchez des villages obscurs et écartés, tout cela m'est égal; vous ne sauriez échapper à votre destinée; vous ne sauriez vous dépouiller de la plus noble partie de vous- méme, de cette intelligence active, forte, chercheuse, dont vous étes doué; votre place est marquée sur la terre et elle _ne saurait rester vide. Prenez-vous y Biblioteca Gino Bianco • I

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